D'enfant victime d'abus à soignante: aidez Séverine dans son combat pour une nouvelle vie

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FAQ

« Entre gens qui ont souffert, on se reconnaît ». Pourtant, Séverine* n’a rien d’une victime. Qui pourrait déceler, chez ce petit bout de femme enjouée et souriante, l’ombre d’un passé monstrueux ? 

Impossible de lui faire raconter son traumatisme en détail. Trop glauque, trop voyeuriste. Inutile. A quoi bon invoquer les fantômes du passé? La dernière fois qu’elle l’a fait, à l’occasion d’un reportage sur TF1, cela lui a valu plus d’ennuis qu’autre chose. Aucune des thérapies visant à replonger dans les souvenirs ne lui a apporté quoi que ce soit. La condamnation de ses parents, poursuivis pour maltraitance, viols et proxénétisme ne lui a pas apporté de réconfort. La reconnaissance de ce qu’elle a vécu par la justice non plus :  « Être reconnue en tant que victime, ça sert à quoi ? Si au moins ça empêchait de se retrouver à la rue… »

Lorsque ses parents sont condamnés à plusieurs années de prison ferme, Séverine est tout juste majeure. Elle se retrouve alors seule, abandonnée, sans domicile, sans papier, sans statut, sans rien pour survivre et dans un état psychologique incompatible avec la poursuite d’une quelconque carrière professionnelle. Elle est alors contrainte à vendre son corps pour survivre. Encore. « Les associations m’ont fourni une aide, mais ce n’était pas gratuit. C’était contre des témoignages, des prises de position… »

 Je ne veux plus être juste le reflet de mon histoire 

 C’est comme si j’étais ramenée à cette petite fille qui n’était rien 

Or, pour se reconstruire, Séverine a besoin de sortir de ce cercle vicieux. De s’éloigner de son passé que ses parents ont profané et qui ne lui appartient plus. Lorsqu’elle parle de son enfance, on discerne que le drame de sa vie – plus que les sévices qu’elle a vécu enfant – c’est l’abandon par un système qui l’a trahie, sans lui fournir les armes pour pouvoir espérer une reconstruction.

 Au moins, quand j’étais dans les réseaux, je n’étais pas seule 

 Ce qui m’a fait le plus mal, ce n’est pas mon enfance. C’est l’après 

Aller de l’avant pour survivre

Persuadée que l’univers nous impose uniquement des épreuves que l’on peut surmonter, elle se bat. D’abord pour subsister, puis pour enfin accéder à une formation qui pourrait lui donner l’espoir d’un avenir digne de ce nom. Puis pour ses enfants. Ces cadeaux de la vie qui lui offrent une famille. Une vie « normale ». D’une place d’intérim à l’autre, elle finit par trouver du travail.

Séverine se dirige vers le soin à la personne. Elle est « faite pour ça ». Son histoire jalonnée d’expériences en centres psychiatriques lui confère une compréhension accrue de ses patients. Elle sait comment aborder la dépression, l’anxiété. Comment dire et ce qu’il faut taire.

Sévérine parvient à passer une formation d’aide-soignante, puis elle enchaîne deux boulots à la fois pour pouvoir subvenir aux besoins de ses enfants. Elle travaille dans un EMS la journée et s’occupe d’un tétraplégique le soir. Installée en Suisse pour pouvoir assurer une scolarité décente à son fils en situation de handicap, Séverine a travaillé pendant deux ans dans un centre spécialisé. Elle souhaite désormais passer un CFC au CHUV, pour devenir assistante en soin et ainsi continuer à s’occuper des autres.

Or, l’apprentissage qu’elle a commencé est payé 690.- par mois la première année.

Impossible pour elle d’en vivre avec un enfant à charge. C’est pourquoi, le CIDE –  qui l’aide à s’en sortir depuis 20 ans – a eu l’idée de lancer une cagnotte pour lui venir en aide. Car la bourse du canton, toujours en attente, ne lui suffira sans doute pas à tourner. Séverine n’a rien dit à ses enfants de son passé et veut à tout prix les protéger. C’est pourquoi elle préfère rester anonyme. Son histoire a déjà fait les choux gras de la presse et cela ne s’est jamais bien terminé. Elle ne veut pas non plus se servir de son histoire pour susciter l’émoi :

 Je ne veux pas inspirer de la pitié. J’aimerais qu’on ait envie de m’aider parce que je suis utile aux autres 

*prénom modifié

NB: Notre Fondation étant reconnue d’utilité publique, vos dons sont déductibles des impôts en Suisse, selon la législation en vigueur. Contactez-nous (info@cide.ch) et nous vous fournirons une attestation en ce sens.

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